Facteurs de persistance et ancrage local de l’orpaillage illégal dans la région de la nawa (Côte d’Ivoire)

L’orpaillage illégal en Côte d’Ivoire constitue un défi majeur pour les autorités publiques, notamment dans la région de la Nawa, fortement marquée par la pauvreté rurale, la faible régulation étatique et la montée des économies informelles. Loin d’un simple phénomène opportuniste, il s’inscrit dans des logiques sociales, politiques et économiques complexes, souvent ignorées par les approches répressives classiques. Cette étude vise à comprendre les facteurs de persistance et les mécanismes d’ancrage local de l’orpaillage illégal, en interrogeant les rapports entre informalité, gouvernance communautaire et stratégies de survie dans les zones rurales marginalisées. La méthodologie repose sur une approche mixte combinant enquêtes de terrain qualitatives (entretiens, observations participantes) et exploitation de données quantitatives issues d’un questionnaire administré aux acteurs locaux. L’échantillonnage a été réalisé selon une méthode raisonnée (ou par choix ciblé), en sélectionnant des sites d’orpaillage actifs et des profils variés d’acteurs (orpailleurs, chefs de site, transporteurs, commerçants, autorités locales). Les résultats révèlent que l’orpaillage illégal est soutenu par des facteurs institutionnels (corruption), économiques (absence d’alternatives viables) et sociaux (réseaux communautaires, légitimation sociale), qui renforcent son enracinement territorial et sa normalisation sociale. Cette recherche montre que l’orpaillage illégal ne peut être combattu efficacement sans repenser les politiques publiques sous l’angle d’une co-construction avec les acteurs locaux. L’informalité y apparaît comme un mode alternatif de gouvernance et de régulation sociale. L’étude contribue à renouveler les cadres d’analyse de l’économie informelle en Afrique de l’Ouest, en valorisant une approche interdisciplinaire centrée sur les dynamiques locales de résilience, de pouvoir et de justice sociale.