Le credit en groupe est-il le passage de la culture d’assistance a la culture entrepreneuriale?

Les pays en développement en général et l’Afrique en particulier sont confrontés à une imperfection voire une absence du marché du crédit. Face à cette situation, les prêts en groupe se développent de plus en plus pour pallier les coûts de transaction élevés qui empêchent une bonne identification de la solvabilité et de la bonne foi des prêteurs. C’est dans ce contexte que s’inscrit la stratégie de réponse de l’ONG IRC à la vulnérabilité des populations dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Cette stratégie enregistre de forts taux de remboursement de 100% des prêts accordés auxassociations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC) institués par l’ONG. Il se pose alors la question de savoir : « Quels sont les facteurs explicatifs du remboursement de ces prêts ?». Cet article analyse les déterminants de la performance de remboursement des prêts en groupe dans le mécanisme des AVEC. Pour atteindre cet objectif, nous procédons à une enquête de terrain sur 294 membres des AVEC à partir de la méthode d’échantillonnage volontaire.Les résultats statistiques et le modèle Logit sont utilisés pour analyser les données. Les résultats économétriques obtenus à l’aide du modèle de régression multiple montrent que la surveillance mutuelle, la pression des pairs, les statuts et règlements, la durée deremboursement, les taux d’intérêt, la solidarité, les pré-prêt, l’implication personnelle, le mythe du chef et le sexe favorisent le remboursement des prêts en groupe. Les effets marginaux indiquent que la probabilité que les prêts en groupe soient remboursés est de 96,10% lorsque l’individu est une femme. Le mécanisme de prepret, la solidarité, la durée de remboursement et la surveillance mutuelle augmentent la probabilité de remboursement de respectivement 77,2%, 63%, 53,2% et 50%. Les prêts en groupe constituent donc le canal par lequel l’inclusion financière des populations vulnérables en Côte d’Ivoire peut se faire. Pour atteindre ces objectifs de réduction de la pauvreté, la politique de microfinance devrait être plus orientée vers les prêts en groupe.